Situé en  plein centre-ville, la Maison d’hôte « La Bienvenue » est l’un de ces endroits calmes et exclusifs réservés à une clientèle de passage à Nouakchott.  L’endroit est réputé autant pour ses chambres au rapport qualité prix intéressant que pour sa table tenue de main de maître par un couple de sympathiques personnes savant assaisonner poissons et viandes dans des sauces spéciales. Seul regret, l’absence d’une grande variété de mets, ce qui force le chaland à contenir son envie d’évasion ou à sortir, bravant la nuit, à la recherche du bonheur gastronomique version bédouine ou négro-africaine.

En dehors de cette table bien fréquentée, le centre-ville de Nouakchott offre un cocktail de café-restaurants fourre-tout où le journaliste en vadrouille croise l’agent des renseignements généraux  au regard inquisiteur, le fonctionnaire désabusé reconnaissable à son costume gris et fatigué, l’enseignant qui se repose entre deux cours, l’étudiant rêveur des lendemains qui chantent,  ou encore des spécimens de cette jeunesse dorée qui trompe son ennui dans un verre de café froid qui se fait siroter tout le long d’un match de football histoire de maintenir la note dans des proportions raisonnables.

Au café tunisien, l’un des endroits les plus fréquentés de la capitale, reconnaissable à sa terrasse débordante de boubous bleus et blancs, la chaleur humaine bien africaine est bien là dans un débat politique sans fin sur le président de la république, son troisième mandat, la langue arabe, la langue française, l’hymne national, le drapeau, l’esclavage, l’affaire du jeune forgeron condamné à mort, l’affaire de la gazra Bouamattou, l’affaire des détournements à la Sonimex, le pétrole et le gaz, l’aéroport Oum Tounsi.

Bref, un cocktail explosif qui montre que ce peuple chaleureux et accueillant n’a pas encore  résolu ses contradictions identitaires et ses inerties politiques. De grosses mouches  rappellent que cela fait un bon petit siècle que le corps des services d’hygiène de Nouakchott ne fait  plus ses  rondes.

Autre café, autre mœurs, Le si apolitique  Prince, qui se veut à la fois restaurant, café et pâtisserie. L’étonnement du client est vite remplacé par l’émerveillement glouton devant un Hamburger tropicalisé.  Rien à signaler.

Plus loin, le Café Savana, très couru il y a encore deux hivernages, donne l’impression de s’être trop endormi dans ses lauriers. Idem pour le Rotana qui a subi une cure de jouvence au vu de sa clientèle juvénile et bruyante, dans une ambiance interdite au cadre stressé à la recherche du silence.

Bref, de ronde en ronde, l’on tombe inévitablement, immanquablement sur ce Café collé sur l’hôtel Monotel et dont il est superflu de divulguer e nom. Le  must du must par sa terrasse chic et son bel intérieur décoré comme une maison d’hôte, avec ces lumières tamisées propices à l’inspiration, aux retrouvailles et aux affaires.

Ce jour-là, croisons l’un de ces mauritaniens du monde, qui vit en Suisse et essaie d’établir des ponts entre le vieux continent, le Bénin et l’Afrique.  Ou encore ce célèbre avocat élevé à la dignité d’ambassadeur itinérant et que le tout Nouakchott cherche à fréquenter.  Egalement de la partie, cette grande dame qui eut de beaux jours dans le secteur anarchique de la communication d’entreprise à Nouakchott.

Le café servi est le bon expresso,  donné dans un une tasse propre. Le jus d’orange pressé est le meilleur du pays.  Dommage que le maître des céans, celui à qui l’on doit ce beau décors, soit si soucieux de son anonymat au point de cultiver le mystère. Son absence est largement compensée néanmoins par un personnel agréable qui donne envie d’y retourner.

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